Une nouvelle chronique sur Anar Chic Album dans Hexagone
Oldan, un nouvel album anar & chic
Après s’être fait l’apôtre du libertinage dans son précédent opus, dissimulé derrière un Serial K., ange noir, trouble et vénéneux, Oldan se mettrait-il à nu dans ce troisième album…
« Anar chic », un qualificatif qui colle à merveille à cet épicurien magnifique. Anar comme son « roi de rien » ou son « bottle man » qui vit dans une bouteille, mais comme il le précise, ce n’est pas grave… Une gravité qui semble s’être dissipée au profit d’un désenchantement joyeux chez Oldan. Il se sent « léger au bord de la falaise », homme simplement heureux. L’observateur volontiers critique et sarcastique de ses contemporains, s’est semble-t-il apaisé ; il aurait trouvé « un pays tranquille » en perçant « le plus grand mystère ». L’homme est heureux donc, mais si il se demande tout de même « pourquoi ne peut-on pas », tout recommencer. Une ritournelle bucolique au rythme primesautier qui n’est pas sans rappeler le « bal des oiseaux » de Thomas Fersen de part sa joie communicative.
Revenons sur le côté chic du personnage. Celui-ci s’exprime dans le choix de ses figures tutélaires, issues d’un XIXème siècle littéraire, qu’Oldan – le comédien – affectionne tout particulièrement. Certes, il l’est « dandy » et ce, jusqu’aux bouts des ongles de ses mains immenses, dont il joue sur scène avec talent. Et après l’avoir incarné au théâtre, Oldan se devrait bien sûr de chanter le dandy ultime, faux oisif perdu dans les volutes de l’opium, Oscar Wilde. Sur ce titre, Claire Farah lui donne la réplique au chant dans un contrepoint parfait. Avec « So sad love », il tire également son chapeau au divin marquis, autre débauché vertueux, avec un entrain non dissimulé et porté par une rythmique groovy et cuivrée. Un peu anarchronique donc, Oldan ? Il se voit avant tout comme un « homme qui marche » qui ne sait pas où il va, « étranger dans ce monde », « où il sent qu’il dérange par ce temps qui est à la haine… ».
Un troisième album très maitrisé donc, pour lequel Oldan s’est définitivement affranchi de ses influences bashungiennes ou gainsbourgiennes. Son alter ego, l’artisan orfèvre Patrick Matteis, n’est pas pour rien dans cette réussite ; il lui a ciselé des mélodies pop rock, parfois discrètement habillées d’électro et en osmose avec l’état d’esprit actuel de son binôme.